*** Prendre sa place ***

Nathalie à bientôt la cinquantaine. Elle est mariée et mère de deux grands enfants. Elle est comptable. Mais ce métier elle l’aime uniquement pour les relations humaines et les conseils qu’elle prodigue. Elle veut accompagner les gens autrement. Elle veut les accompagner pour qu’ils se sentent mieux. Elle a commencé une formation il y a plus de 3 ans, à son rythme. Tant qu’elle était en formation, elle ne se sentait pas légitime dans sa pratique et dans sa posture, ce qui l’arrangeait. Elle vient de la terminer. Maintenant il est temps pour elle de sauter le pas de la professionnalisation, mais elle en est incapable. Elle pense ne pas être à la hauteur et surtout ne pas être légitime.

Nathalie n’a jamais vraiment su prendre sa place, éteinte par un père qui ne savait communiquer et montrer son amour que par une violence tant verbale que physique. Elle a toujours pensé être moins que les autres, que ces autres pouvaient faire mieux qu’elle et détenaient la vérité. Elle est d’accord avec tout le monde, de fait discrète et ne sait pas parler à « je».

Elle a entamé une psychothérapie il y a quelques mois et je l’accompagne en parallèle, ces deux approches étant totalement complémentaires. Ce jour-là c’est notre deuxième séance. Elle est fatiguée mais sur les nerfs. Elle se sent déconnecté d’elle-même, pas en harmonie. Son objectif lors de cette séance est de se libérer des croyances des autres et de s’émanciper de leurs jugements. Elle se sent étouffée, comme en prison dans leur regard.273688524 633658071252926 5285702934511437391 n 

Mes mesures indiquent qu’elle a un déséquilibre énergétique, que l’énergie est insuffisante dans ses jambes et dans ses pieds, qu’elle manque de connexion à son féminin, à ses pensées, à ses racines. Le passé la bloque, elle stagne, elle est empêchée d’aller de l’avant. Elle a un deuil à faire.

Le test musculaire m’oriente vers l’hypophyse. L’hypophyse ou glande pituitaire a pour rôle de fabriquer différentes hormones, lesquelles sont chargées de maintenir l’équilibre du corps, son harmonie. Dans la symbolique, lorsqu’elle est déséquilibrée, cette glande représente le « conflit du chef d’orchestre » ou le « conflit de la girafe ». En d’autres termes, « Je ne me sens pas à la hauteur», « Les choses doivent être parfaites, je n’ai pas le droit à l’erreur », « Je me juge en permanence », « Je me sens vide».

Son corps nous emmène vers le besoin de contribuer au bien-être des autres, de participer à leur transformation en somme. Ce qui ressort comme bloquant la satisfaction de ce besoin, c’est un manque de narcissisme. Elle ne s’aime pas assez, elle fait passer les aires avant elle, elle ne se trouve pas suffisamment bien.

Il est aussi question de son grand-père paternel. Elle me dit qu’il était handicapé des jambes et qu’il ne pouvait marcher qu’avec des béquilles. Les mots « déserté » et « non choix » ressortent. Ils se définissent par le fait de ne pas avoir de choix et par le délaissement, le vide, la sécheresse, l’inactivité. Elle fait des liens : entre elle et ce grand-père, entre son comportement et le sien, entre ses jambes et les siennes.

La correction nous dirige sur des réflexes archaïques. Aussi appelés réflexes primitifs, ils sont des mouvements automatiques et involontaires réalisés à la suite d'une stimulation. Ils sont censé s’intégrer pour la majorité d’entre eux entre la conception et plusieurs mois après la naissance. Cependant ce processus d’intégration peut s’interrompre pour des raisons variées, parfois pour des raisons émotionnelles. Leur désintégration peut engendrer toute sorte de troubles posturaux, intestinaux, comportementaux et émotionnels. Elle est concernée par deux d’entre eux. L’un d’eux concerne les pieds et la mise en action, tandis que l’autre concerne la bouche et la parole. Elle se reconnaît dans les différents troubles associés.

Pendant les corrections, je lui fais faire une visualisation. Il est question d’un arbre, d’un pin très exactement. Elle évoque aussi des racines, de sa place à prendre et de son émancipation du regard de l’autre.

Intéressant … elle veut un arbre sur sa carte de visite … un pin … Quand on sait que la symbolique du pin est la décision de s'accorder son droit à l'existence sans remise en cause permanente, de s'accepter, de prendre sa place, de se libérer de ce qui pèse et dont il est difficile de se détacher …

Quelques jours après, elle m’a dit se sentir plus sereine et avait pris la décision de faire à sa manière. C’est ce qu’elle a fait. Elle a réalisé un soin à sa façon avec ses propres ingrédients, en s’écoutant, en prenant sa place de professionnelle et en s’autorisant à le réussir.