*** Transgénerationnel : comprendre ses héritages familiaux ***

Certains de nos blocages ou de nos émotions répétitives peuvent prendre racine dans notre histoire familiale, au-delà de ce que nous avons vécu personnellement.

La psychogénéalogie, conceptualisée notamment par Anne Ancelin Schützenberger, postule que des événements non digérés du passé familial peuvent se répercuter inconsciemment sur plusieurs générations. Toute au long de notre vie nous portons un héritage que nous avons reçu à notre naissance. Certains de ces héritages sont inconscients. On se retrouve alors à porter des choses qui ne nous appartiennent pas et dont on a hérité des générations précédentes. 

Le psychiatre et neuropsychiatre Boris Cyrulnik a mis en lumière la manière dont les traumatismes vécus par les générations précédentes peuvent se transmettre silencieusement, notamment par le biais du non-dit, des deuils non faits, des conflits ou des injustices enfouies. Ce phénomène s’inscrit dans une logique de « transmission psychique », où l’enfant hérite d’affects ou de récits jamais symbolisés.

Les avancées en épigénétique soutiennent ces constats. Des recherches menées par Rachel Yehuda (Mount Sinai School of Medicine) sur les enfants de survivants de la Shoah, ou par Isabelle Mansuy (Université de Zurich) dans des modèles murins, ont mis en évidence une transmission intergénérationnelle des marques du stress ou du trauma. Ces modifications ne changent pas la séquence de l’ADN mais affectent son expression, par le biais de méthylations de l’ADN ou de modifications des histones, ce qui peut influencer durablement la régulation émotionnelle chez les descendants. Ces résultats, bien que encore exploratoires, renforcent l’idée d’un lien entre mémoire traumatique et héritage biologique. Selon Boris Cyrulnik, “Rien n'est jamais foutu. Nous pouvons toujours nous échapper du malheur programmé.”

Ainsi, pour respecter cet héritage et rester membre du clan, nous mettons en place, inconsciemment, des mécanismes visant à perpétuer la mémoire familiale. Ce processus peut aller jusqu’à nous empêcher de nous réaliser pleinement, en s’interdisant de réussir au-delà de nos parents, en reproduisant les mêmes difficultés relationnelles, ou en restant fidèle à des schémas insatisfaisants.

Autrement dit, nous reproduisons parfois, sans le vouloir, les carences émotionnelles, les croyances limitantes ou les attentes implicites de notre lignée. Ces mécanismes peuvent agir comme des « scripts » transmis d’une génération à l’autre, que nous rejouons malgré nous. Cette dynamique est étudiée dans la théorie de la « loyauté invisible » développée par le thérapeute Ivan Boszormenyi-Nagy. Elle décrit la manière dont l’individu peut se sentir inconsciemment tenu de rester fidèle à son système familial. Cette fidélité s’exprime par des comportements répétitifs, des renoncements, ou encore des auto-limitations, autant de mécanismes visant à préserver l’équilibre du groupe ou à réparer symboliquement des injustices passées. 

Identifier ces loyautés inconscientes constitue déjà un premier acte de transformation. Travailler sur ces fidélités permet non seulement de s’en libérer, mais aussi de briser le cycle de répétition et d’alléger l’héritage émotionnel transmis aux générations futures.

L'analyse transgénérationnelle consiste alors à rechercher dans le vécu de nos ancêtres les sources de nos blocages, de nos comportements, de nos croyances, de nos loyautés inconscientes. Elle invite à rechercher l’origine de certains de nos troubles émotionnels, de nos comportements répétitifs ou des événements que nous vivons dans l’histoire familiale. Elle propose également de mettre en lumière ce qui, vécus par nos aïeux, pourraient avoir un écho dans notre vie actuelle et de repérer ce qui a pu se transmettre d’une génération à l’autre, permettant ainsi de s’en libérer et de mettre un terme à leur répétition. 

Ce que l’on soigne en nous, on le soigne aussi dans sa lignée familiale. Autrement dit, travailler sur ces transmissions permet souvent de restaurer une forme d'équilibre personnel tout en contribuant à alléger la charge symbolique portée inconsciemment par la lignée. Ce travail favorise une transformation en profondeur des schémas hérités, et parfois, la fin de leur répétition.

• Un problème de place dans la famille, et par extension dans le corps social, relationnel affectif, professionnel…, avec un sentiment d’exclusion et de rejet récurrent ;
• Des transmissions inconscientes telles que des  secrets,  non-dits, silences, conflits familiaux non verbalisés ;
• Des problématiques liées à l'histoire familiale comme par exemple des questions sur l’origine du nom de famille, la filiation, conflits et dysfonctionnement familiaux, loyautés familiales, répétitions de vie, composition familiale  ;
• Des troubles physiques et émotionnels récurrents ;
• Des comportements d'autosabotages qu'ils soient professionnels, affectifs ou relationnels ;
• Des traumatismes familiaux tels que migrations, conflits en lien avec l'histoire collective, abus, violence, naissance, deuil non fait.